Le Quartier Bel-Air Sud

Nous vous invitons régulièrement à venir participer au Ciné-club des Artisans, nous allons aujourd’hui vous décrire la séance de ce vendredi 10 mars pour que les candidats à la prochaine projection ne soient pas dépaysés : à l’approche des 20H15, 20H20, une étrange communauté converge, tabourets, chaises pliantes et sac de provisions à la main converge vers la Cité de l’ameublement. L’atelier de Patrice Sébille se remplit petit à petit de même que l’établi étroit, situé à droite de l’écran qui se charge de victuailles et bonnes bouteilles. Autour des 20H30-20H40, nous avons droit à une sélection de publicité ou de documentaire publicitaire bonifiés par le poids des années. Cette fois-ci nous étions au cœur de l’activité de Patrice avec la projection d’un documentaire publicitaire à la gloire des matelas EPEDA. Ce document, daté des années 1970, était destiné aux « forces de ventes » à la fois très sexy, très technique, il est devenu, avec le recul des années, très hilarant. Le maître de Cérémonie a donc brillamment commenté la partie technique du documentaire et des échanges ont eu lieu entre le public et le projectionniste-commentateur sur le métier de matelassier.
À l’issue de cette première projection « publicitaire », Philip Mattéaccioli, réalisateur, est venu nous présenter « Pleins Feux » son travail personnel, un court-métrage où s’entremêlait dans le décor d’un Théâtre classique, une réalité plus contemporaine . C’est là, l’un des aspects très intéressant du travail de ce Conseil de Quartier qui permet à des jeunes et moins jeunes réalisateurs de venir présenter directement au public, leurs premières œuvres, dans le cadre de ces soirées de projections.
Après la projection s’instaure un échange entre le public et le réalisateur avant que ne commence la projection du film principal.

Le film ancien, au cœur du cinéma des Artisans est d’abord présenté dans son contexte historique. Pour le film de vendredi, cette présentation était d’autant plus nécessaire que « Les inconnus dans la maison » réalisé par Henri Decoin et remarquablement interprété par Raimu est sorti pendant l’occupation allemande et a été l’un des plus grand succès du film français de cette époque. On y voit Raimu avocat ivrogne et déchu faire écho à la révolution nationale de Pétain et en même temps, lors de plaidoiries lyriques, faire tomber le masque de la bourgeoisie provinciale chère à Vichy. On reconnaît également un tout jeune Mouloudji dans la distribution.
Quelques mots pour terminer sur la projection du Ciné-club des Artisans : les films sont au format 16mm, ils sont anciens, parfois mal-en-point et il est nécessaire pour visionner le film de procéder en deux temps (il y a deux bobines de films pour un film complet). Lors des séances, il y a donc un entracte pour que le maître des lieux (et projectionniste principal) puisse opérer le changement de bobines. Ce temps est mis à profit pour que le public se retrouve autour d’une table et que commencent les agapes.

C’est là l’une des caractéristiques de cette animation, on prend des contacts, on peut parler au réalisateur du court-métrage, aux Conseillers de Quartier qui organisent ce Ciné-club et l’on n’y rencontre pas seulement des tempes argentées, public souvent exclusif des Conseils. Le cinéma des artisans, lors de ce nécessaire entracte devient un lieu d’échange entre générations, entre habitants et artistes, bref, on parle ENSEMBLE et l’on tisse ce fameux « lien social ».

Bien que jaloux de ce lieu (notre Conseil de Quartier n’a pas d’endroit où abriter une pareille animation), nous ne pouvons que vous encourager à découvrir cette initiative du Conseil de Quartier Nation-Alexandre Dumas.