27/07/2020
Histoire anecdotique des barrières de Bel-Air Sud
En 1865, le journaliste et écrivain français Alfred Delvau (1825-1867) secrétaire de Ledru-Rollin et collaborateur au Figaro, a publié l'ouvrage Histoire anecdotique des Barrières de Paris.
Parmi les 55 barrières qui entouraient le Paris d'avant 1860 dont 7 étaient situées dans l'actuel 12e arrondissement, intéressons-nous à ce que dit Alfred Delvau des deux situées entièrement ou partiellement à Bel-Air Sud :
- la barrière de Picpus (actuelle place Sans-Nom)
Elle était située à l'endroit où finit la rue de Picpus et où commence la rue de la Croix-Rouge. De sa décoration, je n'en parle que pour mémoire ne jugeant pas d'une grande utilité de vous décrire un long bâtiment composé de quatre péristyles sans style et d'une attique de mauvais goût. Tout l'intérêt de cette barrière est dans le souvenir qui se rattache aux deux couvents dont l'un a eu l'honneur d'être décrit par Victor Hugo dans ses Misérables. Le village de Picpus - ou de Pique-puce, comme écrivent quelques étyrnologues qui connaissent l'énigme de Boileau - n'était encore, en l'an 1 600 qu'une réunion de deux ou trois maisonnettes, Iorsque le Père Mussart, ou Massard, y vint fonder un couvent de Pénitents réformés du tiers ordre de Saint-François, que le peuple ne tarda pas à appeler Les Picpus
- la barrière de Reuilly (actuelle place Félix Eboué)
Située au point de jonction de la rue de Reuilly et du boulevard de Charenton, elle était décorée de ce que les frères Lazare appellent "une jolie rotonde" et tirait son nom de l'ancien, très-ancien château de Reuilly - Romiliacum - où le roi Dagobert avait épousé Gomatrude, qu'il avait ensuite répudiée sans plus de façon pour s'unir avec Nantéchilde, ou Nanthilde, qui lui plaisait davantage probablement. Ces Tuileries mérovingiennes avaient fini par tomber en ruines et n'être plus qu'un souvenir - comme les monarques qui les avaient habitées à tour de règne, si bien qu'en 1666 on construisait sur leur emplacernent de vastes bâtiments dont Colbert avait donné le plan et qui étaient destinés à rivaliser avec les fabriques de glaces de Venise. C'est là une date précieuse à enregistrer dans le livre d'or de l'industrie parisienne. Thivart avait inventé l'art de couler le verre, Rivière Dufresny le moyen de polir les glaces : Paris put désormais se passer de Venise. Les glaces de Reuilly étaient coulées tantôt à Saint-Gobain, tantôt à Tourlaville, puis amenées à Paris pour être étamées et polies. Ces transports ayant été jugés au bout de très-longtemps - aussi onéreux qu'inutiles, la manufacture des glaces de Reuilly avait été transférée à Saint-Gobain, et ses bâtiments utilisés comme caserne.
08:09 Publié dans Citoyenneté, Vie du quartier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paris
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