09/11/2007
Pourquoi des tours ?
Une fois de plus, l'éventualité de construire de nouvelles tours envahit le débat politique parisien.
Depuis quelques mois, à la demande du Maire de Paris, un groupe d'élus réfléchit à l'opportunité de percer le plafond des hauteurs, fixé à 37 mètres maximum par le plan local d'urbanisme (PLU), sur trois sites aux frontières de Paris : les portes de la Chapelle (18e) et de Bercy (12e) et le quai d'Ivry (13e). Le résutat de ces réflexions a été partiellement dévoilé par la presse, mais Bertrand Delanoë doit les présenter et s'exprimer sur le sujet le 14 novembre prochain.
Des tours pour une architecture audacieuse ?
Des tours pour mieux utiliser l'espace ?
Des tours pour affirmer sa grandeur ?
Sur son site de campagne, Bertrand Delanoë écrit concernant les nouvelles opérations d'aménagement :
... n’écarter aucune hypothèse y compris celle de construire des immeubles de grande hauteur (15 à 20 étages) voire davantage, à titre exceptionnel, aux abords du périphérique. ... Pour que Paris continue de se développer, de se peupler, dans les décennies et les siècles qui viennent, c’est vers le haut qu’il faudra chercher.
Les Verts ne veulent pas de tours à Paris. René Dutrey, président du groupe Verts au Conseil de Paris, a affirmé :
Les tours, dont la vocation serait essentiellement d'accueillir pléthore de mètres carrés de bureaux et autres hôtels de luxe, ne règleront pas le problème prioritaire du mal logement à Paris. Par ailleurs, elles ne sont pas économes en énergie et contredisent totalement les ambitions affichées par Paris dans le cadre de son Plan Climat.
Les Verts du 12eme quant à eux, dénoncent une opération en trompe l'oeil
Le site UMP de la 8ème circonscription 12ensemble écrit :
Construire des tours dans le 12ème arrondissement: la réponse est oui, triplement oui si ces immeubles sont une expression de l’architecture contemporaine dans ce qu’elle a de meilleur : fluidité, miroir, élégance et hauteur inatégnable !
Dans ce contexte, nous nous posons trois questions :
Il semble que dans le cas d'une tour, l'audace de l'architecte se limite le plus souvent à la hauteur de l'édifice. Il existe heureusement de belles réalisations contemporaines qui ne doivent rien à leur hauteur :
La ville de Londres est réputée plus audacieuse que Paris en ce qui concerne ses constructions.
Elle sait pour autant se distinguer avec des édifices de hauteur raisonnable comme le London City Hall siège son Maire, Ken Livingstone, dû au cabinet d'architectes Foster and Partners (photo ci-contre).
Plus près de chez nous, le dépot d'autobus de la rue de Lagny dans le 20e, va se transformer en une construction de haute qualité : le projet Paris Pyrénées du cabinet Metra et Associés se montre novateur, sans pour autant recourir a une grande hauteur.
L'argument serait recevable si récemment le conseil de Paris n'avais pas voté à l'unanimité le Plan Climat dans lequel on vante la végétalisation des toits. Le schéma ci dessous montre qu'à volume égal, un bâtiment bas ou une tour offrent dans ce cas la même surface d'espaces verts.Les espaces verts en toiture ont l'avantage d'être à l'abri de la pollution et du bruit de la rue.
Ne faut-il pas plutôt penser que ce qui pousse les architectes et les politiques à concevoir et édifier des tours n'est que la propension à affirmer leur propre grandeur ?
A l'image de San Gimignano en Toscane, où au 13e siècle, les familles nobles qui contrôlaient la ville avaient bâti quelque 72 maisons-tours (jusqu'à 50 m de hauteur), symboles de leurs richesses et de leur pouvoir.
Finalement, sans pour autant vouer une haine viscerale aux tours, nous nous interrogeons sur leur utilité tant du point de vue architectural, qu'écologique, urbain ou social.
Pour ou contre les tours ? ce blog vous permet de vous exprimer librement. Nous attendons vos commentaires.
08:00 Publié dans Voirie Urbanisme | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Paris
Commentaires
Quelle ville voulons nous : un « petit » Paris vertical ou un « grand » Paris debout ?
A propos des futures tours, Jean-Pierre Caffet, adjoint (PS) à l'urbanisme du maire de Paris, a pris soin de préciser mardi dernier que les "esquisses de bâtiments" de grande hauteur qui seront présentées mi-novembre pour ces trois sites sont « totalement virtuelles, au sens où aucun de ces projets ne sera retenu tel quel ». Alors Quel(s) projet(s) ? 3 nouveaux pôles économiques émergents et/ou du logement contemporain en site urbain ?
Rappel concernant l’adoption du PLU (Plan Local d’Urbanisme) de Paris lors de la séance du Conseil de Paris du 12 juin. Sur 158 votants : 70 voix pour (PS, PC, MRC), 55 voix contre (53 UMP et 2 UDF) et 33 abstentions (22 Verts qui avaient pourtant voté le projet un an auparavant et 11 UDF). Le PLU a donc recueilli une majorité relative. Le constat aujourd’hui sur les PLUs de la 1ère couronne (92 ;93 ;94) 4,1 millions d’habitants sur 657 Km² ( 6 300hab/Km²) et 123 PLUs ! Paris 2 millions d’habitants sur 105 Km²(20 000 hab/Km²) UN SEUL PLU.
Actuellement, Paris est une capitale à très (trop) forte densité (comparaison : Inner London c'est 2 985 700 habitants pour 319 km² soit 9400 hab/Km². Berlin 891 km2 pour 3,4 millions d’habitants soit 3811 hab/km2).
Pourquoi de nouvelles tours, alors qu’un des objectifs du PLU de Paris était : réduire la densité du bâti futur ?
Augmenter les m² de bureaux ? Pour quelles raisons 3 pôles économiques en intra-muros ? Quid des accès en matière de transports sur ces 3 sites de périphérie ?
Le Tram T3 ? Certes, mais les interconnexions avec les lignes de s/sol ne sont pas homogènes sur la totalité du parcours. En conséquence, le transport individuel « polluant » risque de se développer.
La tour Montparnasse malgré sa desserte quasi parfaite en terme de transports collectifs, pose de nombreux problèmes : lieu de travail/ lieu de vie (nous ne votons que là où nous dormons : c’est la « république du sommeil », dixit Jean Viard "sociologue"). Idem pour le quartier de La Défense : 200 000 salariés et qq millions de m² de bureaux.
Logement contemporain en site urbain ? Récemment le conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement de Paris lançait un concours d’idée sur le sujet. Le 1er premier prix a été attribué au projet qui proposait d’insérer des unités de maisons individuelles dans des ensembles collectifs (lire le compte rendu dans « la lettre extramuros N°17 printemps été 2007 ».
Tours mixtes logements et bureaux ? Les responsables politiques et les urbanistes ne se compliquent-ils pas la tâche en voulant gérer au « mieux » les problématiques de logements, d’emplois et de mobilité en un seul point ?
Le Maire de Paris déclarait il y a quelques mois : « (…) Car Paris est plus grand que Paris », c’est-à-dire étendre Paris au-delà de son périphérique pour augmenter la densité des échanges qui augmente la productivité des villes. A contrario, l’augmentation de la densité au Km² via un empilement vertical, risque d’enfermer Paris dans sa veille ceinture.
Écrit par : bernard | 09/11/2007
Je serai pour les tours si cela permet d'avoir pour nos enfants des cantines et des cours de récréation assez grandes et des structures scolaire ou loisirs intéressantes et si cela permet aussi de libérer de la place pour des espaces verts.
Par contre il faut éviter de refaire les erreurs faites dans les années 70 dans le triangles Tolbiac porte d'Italie porte d'Ivry
Écrit par : philippe Detrieux | 11/11/2007
j'ai du mal à accepter les arguments "beauté architecturale" ... perso, je trouve le quartier de la défense comme le summum de la laideur... idem pour la bibliothèque nationale... et puis pardon, mais qui va habiter ces immeubles ??? ceux qui auront le fric pour se payer un appart dans ces tours ?
commençons donc par faire en sorte que les écoles de Paris puissent avoir des bus pour organiser des sorties scolaire... (allez en parler à l'école montempoivre où la mairie refuse de mettre à disposition des bus pour les petits)...
Monsieur Delanoë a peut-être le même rêve secret que Tonton... laisser une marque architecturale dans l'histoire... pourvu que les vitres de sa tour ne se détachent pas comme l'opera bastille... pourvu que les rampes d'accès ne soient pas aussi glissantes que celles de la BNF...
Pour moi, désolé, c'est non, trois fois non... essayez donc de rendre la ville humaine...
Écrit par : emilo | 12/11/2007
Comme a la Courneuve ! Bravo Blumenthal et bravo Bertrand.
Écrit par : BERCYBIEN ASSOCIATION DE RIVERAINS | 25/11/2007
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