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14/04/2025

Les nouvelles protections patrimoniales (1)

parisRécemment, nous avons traité des différents types de protections patrimoniales en vigueur au niveau national comme au niveau de la ville de Paris. Le PLU prévoit trois normes permettant de protéger le patrimoine non inscrit aux Monuments historiques : "protection ville de Paris" (PVP), "traitements morphologiques particuliers" (TMP) et "signalements". Le PLUb voté en novembre 2024, a ajouté 50 lieux aux 100 qui figuraient déjà au PLU de 2006.

Parmi eux se trouvent les bâtiments contemporains suivants, dont précédemment nous regrettions l'absence.

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Nous reproduisons sur la page qui suit les textes du PLUb qui les décrivent.


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  • Immeuble mixte 129-149 av Daumesnil (Mitrofanoff, Lê Cuong, Las Fargeas)

parisEnsemble immobilier mixte d'habitation, d'activité tertiaire et commerciale Le nouveau quartier de Reuilly constitue un vaste projet d’aménagement urbain débuté par la Ville de Paris dès le milieu des années 1980 à l’emplacement de l’ancienne gare de marchandises. L’acquisition de ce vaste territoire ferroviaire non bâti et infranchissable du 12e arrondissement, étendu sur 12,5 ha, constituait pour la ville un enjeu urbanistique important, promis à redonner au secteur sa cohésion territoriale, tout en assurant la construction de logements, le développement d’équipements publics et le renforcement des activités secondaires et tertiaires. L’aménagement de la zone d’aménagement concerté (ZAC) de Reuilly, coordonné par la SEMAEST, société d'économie mixte de la Ville de Paris, et son architecte conseil Roland Schweitzer, fait l’objet d’une vingtaine de lots, attribués à presque autant d’architectes sélectionnés sur concours. La maîtrise d’ouvrage est astreinte à un cahier des charges qui définit notamment l’implantation des bâtiments par rapport à l’espace public et les grandes lignes de composition des volumes et des façades. La SEMAEST cherchait ainsi à conférer une identité au quartier en coordonnant les vocabulaires utilisés par les différents architectes, tout en leur laissant une certaine liberté. Le concours pour la réalisation de l’îlot entre la rue Montgallet et la rue de Rambouillet est remporté vers 1990 par les architectes Wladimir Mitrofanoff (né en 1933), Lê Cuong (né vers 1946) et Rémi Las Fargeas (/-/). Sur la tête orientale de l’îlot, à l’endroit où l’ancienne voie ferrée débouche du parc de Reuilly sous la forme d’une passerelle, les architectes proposent deux bâtiments, scindés par le passage de la nouvelle coulée verte. L’immeuble donnant sur la rue Daumesnil forme en plan une demi-pointe de flèche, cisaillée en son axe, à l’endroit où la passerelle de la coulée verte vient s’insérer dans le bâtiment, à quelques mètres au-dessus du sol. Le rez-de-chaussée et l’entresol sont composés de grandes baies vitrées sur châssis d’aluminium qui suggèrent la continuité de la passerelle à l’arrière, tout en donnant à l’immeuble transparence et légèreté. Ces niveaux sont faussement étayés par une série de poteaux jumelés, qui impulsent de l’élan à cette base quelque peu massive. En partie supérieure, l’immeuble est élevé de six étages carrés, revêtus de plaques blanches en béton. L’horizontalité de ces niveaux, en retrait de l’alignement, est résolument marquée par les balcons filants et leurs lices. La pointe du bâtiment accueille un escalier reliant la passerelle à l’avenue Daumesnil. Sur la rue de Charenton, la façade cherche davantage à s’harmoniser avec les immeubles mitoyens : la hauteur du rez-de-chaussée y est réduite, des travées de baies abritent des loggias, ainsi que quelques balcons. Les trois architectes livrent également, en 1995, le bâtiment d’angle de style paquebot à l’opposé de l’îlot sur la rue Rambouillet, à l’endroit où la passerelle débouche sur le viaduc des arts et métiers de création.

  • parisAréna de Bercy (POPB)

parisLe Palais des Sports de la Ville de Paris a été réalisé en 1983 par Michel Andrault (1926-2020), Pierre Parat (1928- 2019), Jean Prouvé (1901-1984) et Aydin Guvan (/-/), lauréats du concours proposé par la Ville de Paris en 1979. Il s’agit d’un projet particulièrement ambitieux, exceptionnel par son architecture et son aspect technique, qui définit l’image du quartier. Le projet - de 60 000 m² - reprend les caractéristiques de l’architecture développée par Andrault et Parat, avec un langage très sculptural, ici un bâtiment en pyramide tronquée recouverte de gazon. Cette forme est issue à la fois d’une volonté plastique et d’une nécessité fonctionnelle. La mise en valeur de la structure est également caractéristique du travail des deux architectes. La charpente métallique de ce bâtiment hors du commun a été réalisée par Jean Prouvé (1901-1984) ; elle est exceptionnelle tant par sa conception que sa mise en œuvre : deux nappes parallèles de 14 000 m² accueillent dans leur épaisseur tous les éléments techniques. La modularité de cette structure contraste avec les pentes gazonnées à l’extérieur, qui prolongent le parc de Bercy.

  • parisMinistère de l'économie et des finances

parisEn 1981, le nouveau président de la République François Mitterrand annonce sa volonté d’étendre la fonction de Musée à l’ensemble du Palais du Louvre et de déplacer le Ministère de l’économie et des Finances (MEF) hébergé dans l’aile Richelieu depuis 1875. Le site retenu en mars 1982 pour le nouveau MEF est celui de la zone d’aménagement concerté (ZAC) de Bercy, à l’emplacement de trois parcelles situées entre la gare de Lyon et le quai de la Râpée et séparées du palais omnisport par le viaduc de Bercy. Le terrain malcommode forme un vaste rectangle de 3,5 hectares, perpendiculaire à la Seine, cinq fois plus profond que large, auquel s’ajoute une fine bande courbe de 750 m coincée le long des voies ferrées. Un concours national est organisé en novembre 1982 plaçant l’équipe de Paul Chemetov (1928), Borja Huidobro (1936) et Émile Duhart-Harosteguy (1917-2006) au premier rang des 137 concurrents. Le parti adopté par les architectes, qui livre l’ensemble en 1989, repose sur l’affirmation « forte et contemporaine » de l’institution en bord de Seine. Le plan-masse présente trois corps de bâtiment principaux, cinq au total, reliés entre eux par des passerelles suspendues au-dessus des voies publiques, des cours intérieures et des douves. À l’est, le bâtiment Necker, enserré entre les voies ferrées et la rue de Bercy, est formé par deux architectures enchâssées dans le prolongement l’une de l’autre. L’une, de forme légèrement cintrée haute de huit étages, est bâtie sur une dalle. La seconde est une barre rectiligne de six étages. Au nord-ouest du site, le bâtiment Vauban forme un plan dont la trame orthogonale est agencée autour de six patios. Il est élevé sur deux et six étages, coiffés de terrasses végétalisées en couverture. De part et d’autre de l’édifice, les deux pavillons de l’ancienne douane, protégés au titre des monuments historiques, ont été intégrés au site. Le bâtiment Colbert au sud, une barre linéaire de 357 m, est disposé parallèlement à l’ancien mur des fermiers généraux et au viaduc, dont il est séparé par une double douve. Cette architecture est conçue comme un pont habité de neuf étages, qui enjambe à ses deux extrémités la rue de Bercy et le quai de la Rapée. La culée ouest s’arrime directement dans le lit du fleuve. Entre ces deux portes monumentales d’une portée de 72 m, l’architecture est soutenue par d’immenses piles reliées visuellement entre elles par une trame orthogonale en verre teinté de 90 x 90 cm. Le choix des matériaux, qui allie le béton, la pierre de parement et le verre, associé au traitement classique de l’ornementation pondèrent quelque peu le faste de cette mégastructure. Les architectes proposent ici une architecture officielle qui met en scène la puissance de l’institution gouvernementale tout en appuyant sur la métaphore du franchissement, du trait d’union et de l’ouvrage d’art. Le site accueille en outre une grande diversité d’œuvres déclinées autour du thème de l’argent et réalisées par une vingtaine d’artistes. Le MEF bénéficie depuis 2019 du label « Architecture contemporaine remarquable » qui salue ainsi la maîtrise d’œuvre du programme, les qualités esthétiques et monumentales du projet, tout comme son appartenance à la série des grands travaux de François Mitterrand.

  • parisCinémathèque française

parisLe bâtiment est construit entre 1991 et 1994 par l’architecte Frank O. Gehry (né en 1929) qui signe ici son premier projet en France. Sélectionné à l’issue d’une consultation destinée à édifier le nouveau Cultural American Center, le maître d’œuvre associe au projet l’agence française Saubot & Jullien. Icône du déconstructivisme et du post-structuralisme, Gehry développe depuis les années 1960 une réflexion singulière basée sur l’assemblage de volumes mouvants et asymétriques, qui donne à ses œuvres un aspect puissamment sculptural, parfois chaotique, en décalage avec l’organisation urbaine et architecturale traditionnelle. Symbole du renouvellement de la pensée urbaine, la nouvelle zone d’aménagement concerté (ZAC) de Bercy constitue pour l’architecte l’occasion d’un nouveau terrain d’expérimentation, limité cependant par un cahier des charges contraignant quant au choix des matériaux et au dimensionnement des volumes. Délaissé après 18 mois d’exploitation par le centre américain qui ne peut en assurer la gestion, l’édifice est racheté en 1999 par l’état français dans le but d’y installer une Maison du cinéma. Le changement de destination nécessite une restructuration complète et colossale des bâtiments, confiée avec succès à l’architecte Dominique Brard (né en 1953). Ce dernier parvient à livrer, en 2005, un édifice qui s’adapte à ses nouvelles fonctionnalités tout en préservant l’œuvre de Géhry. Le centre culturel vient se loger sur une parcelle isolée par sa situation en bordure du parc de Bercy. L’ensemble est formé d’un emboîtement de volumes variés entourant un vaste patio central couvert par une verrière. Sur la rue de Bercy, les architectures prennent la forme de cubes, élevés sur huit niveaux hors sol, revêtus de plaques de pierre calcaire de Saint-Maximin et ajourés d’ouvertures régulières. Ces façades suggèrent une esthétique rationaliste de l’entre-deux-guerres, que Géhry vient bousculer par de nouveaux codes, tels que le mouvement biseauté des deux premiers étages d’un cube ou bien les niveaux aveugles des rez-de-chaussée et des niveaux supérieurs du cube voisin. La signature d’une esthétique déstructurée si caractéristique de l’architecte se manifeste essentiellement dans le traitement du pan coupé donnant sur le parc et servant d’entrée principale au centre culturel. Au-dessus d’un vaste auvent en zinc de forme incurvée se dressent des emboîtements de volumes asymétriques et hétérogènes où viennent se loger de multiples terrasses non visibles depuis la rue. Les façades intérieures s’ouvrent sur une terrasse qui accueille la grande verrière du hall central. L’élément majeur de cette partie est le massif arrondi dit « l’ananas », qui ne se révèle que depuis les étages. Ce premier édifice construit par Franck Géhry à Paris, manifeste d’une architecture déconstructiviste dans la ZAC de Bercy et qui fait l’objet d’une reconversion réussie en cinémathèque par l’architecte Dominique Brard, bénéficie depuis 2019 du label « Architecture contemporaine remarquable ».

  • parisEglise Saint-Eloi 1 à 9 place Maurice de Fontenay

parisSitué dans le faubourg Saint-Antoine, l’îlot industriel et artisanal de Saint-Eloi, loti et encombré progressivement à la fin du XIXe siècle d’ateliers, d’entrepôts et d’habitations, est destiné à être totalement démoli en 1958. Sa rénovation est confiée à l’architecte-urbaniste Marc Leboucher (1909-2001) qui parvient à démontrer dans ce projet la qualité de ses réflexions architecturales en articulant la trame du quartier autour d’un espace vert et en remembrant le parcellaire des habitations et équipements lui faisant défaut. L’église Saint- Éloi est construite entre 1966 et 1968 sur une parcelle triangulaire, circonscrite au nord par deux barres d’immeubles et au revers de la rue de Reuilly par des architectures remontant au XIXe siècle. Le plan adopte une forme trapézoïdale moderne, générée par des murs gouttereaux qui obliquent vers un chœur orienté. Leboucher calque la volumétrie de la nouvelle église sur celle, plus contenue, du parcellaire existant en concevant un édifice dont la couverture s’élève d’un seul mouvement d’ouest en est, sur la hauteur d'un à cinq étages du bâti qui l’environne. Dédiée au saint patron des métallurgistes, l’église a une structure en fer à laquelle l’architecte associe l’aluminium, la brique, le béton et le verre dépoli. La sobriété des matériaux fait écho au passé industriel du quartier, tout en appliquant les recommandations du concile de Vatican II (1962-1965) qui invitent à la modestie dans le traitement des décors. L’église se signale de loin par une tourelle métallique qui culmine à 35 m de hauteur et d’où résonnent les cloches d’une première église. Elle est accessible aux fidèles par le nord, en retrait de la rue de Reuilly, depuis la plus intime place Maurice-de-Fontenay. L’entrée des fidèles est ainsi désaxée par rapport au chœur. Le porche est constitué d’un très large auvent supporté par des piliers en métal. Le traitement des élévations nord et est, revêtues de tôles d’acier profilé, est en rupture avec la noblesse des matériaux employés traditionnellement et constituent cette fois encore une évocation du caractère faubourien et industriel du quartier. L’éclairage de l’espace cultuel est assuré principalement par une lumière chaude venant du sud. De ce côté, la façade est jalonnée d’une succession de plaques de verre sablé et armé, intercalées en quinconce avec des plaques métalliques, et qui dirigent la lumière sur l’autel. La charpente en métal, recouverte de feuilles d’aluminium, s’élance à 17 m au-dessus du chœur. L’église Saint-Eloi bénéficie depuis 2020 du label « Architecture contemporaine remarquable » au vu de la qualitative adéquation opérée par Marc Leboucher entre une architecture contemporaine, l’humilité architecturale et urbaine caractéristique des paysages faubouriens et la monumentalité des matériaux issus de l’architecture industrielle.

  • parisMédiathèque Hélène Berr 70 rue de Picpus 58 à 60 rue de la Gare de Reuilly

parisEnsemble immobilier mixte contemporain, équipement et activité tertiaire Le quartier de Picpus, encore très peu urbanisé à la fin du XIXe siècle, accueille un véritable laboratoire de l’architecture du XXe siècle. La parcelle du n°70 rue de Picpus est acquise par la ville de Paris en 1954. En 1975, la médiathèque est édifiée à l'emplacement d'une maison du début du XIXe siècle par l’architecte Louis Lasbleiz (/-/). Elle est de style rationaliste et brutaliste. Les parties formées de béton armé apparent en façade sont coulées de façon à rester brutes de décoffrage. L’ensemble est composé de deux ailes, l’un de six étages et l’autre de quatre étages accolés pour former l’angle des rues de la Gare-de-Reuilly et de Picpus. L’entrée principale se fait au niveau de la rue de Picpus, avec un rez-de-chaussée et un premier étage réunis par de grandes baies vitrées encadrées par de fins piliers rectangulaires en béton armé. Les étages supérieurs sont caractérisés par de longues baies, excepté le troisième étage, qui est animé par trois éléments en saillie et possédant une baie meurtrière. Cette organisation se répète sur la façade du bâtiment de quatre étages du côté de la rue de la Gare- de-Reuilly. La liaison entre les deux à l'ange est matérialisée par une partie de façade aveugle striée de lignes verticales, et par un angle rentrant soutenu par un pilier monumental en béton armé. Les façades ont été restaurées en 2007.

  • parisTour Racine (ex-ONF) 2 avenue de Saint-Mandé 31 rue de Picpus

parisCette tour est construite à partir de 1972 pour servir de siège à l’Office National des Forêts (ONF), créé en 1966 par le ministre de l’Agriculture Edgar Pisani. Elle prend place sur une parcelle où se trouvait le centre technique du bois, accueillant provisoirement l'institution depuis sa création. Elle est dessinée par les architectes Xavier de Vigan (1922-/), Francis Thieulin (1922-/) et Émile Deschler (1910-1991), tous les trois élèves de Roger-Henri Expert (1882-1955) à l’École des beaux-arts de Paris. De forme circulaire, la tour se compose de panneaux préfabriqués en béton gravillonné crème. Chacun d'eux accueille une fenêtre et présente un biseautage s'inclinant vers l'intérieur, de manière à ce que l'ouverture soit en retrait de la façade. Elle s'élève sur dix étages dont le dernier, de diamètre moins important, est ouvert sur une terrasse. Son rez-de-chaussée, lui aussi de diamètre plus réduit, permet de limiter son emprise au sol et de ménager un patio en excavation au premier niveau de sous-sol, éclairant la salle de réunion. La sous-face de ce porte-à- faux est habillée de bois, matériau également très présent dans les intérieurs en accord avec la vocation du lieu. La séquence d’entrée est vitrée et conçue en avancée. Les huisseries pivotantes en aluminium sont solidaires du bardage au revers de la façade et participent à sa sobriété. La tour prend place dans un jardin conçu « en amphithéâtre » selon les mots des architectes, où les arbres sont nombreux. Cette tour, que L'ONF quitte en 2022, est emblématique de l’architecture et de l’aménagement paysager des années 1970.

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