07/12/2018
Faut-il vraiment repenser les conseils de quartier ?
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2002 : la loi relative à la démocratie de proximité dite loi dite Vaillant vient d'être votée. À Paris, Bertrand Delanoë étend la création des conseils de quartier à tous les arrondissements.
Durant les premières années de sa mandature, les conseillers sont invités à contribuer aux projets portés par la ville (Plan Local d'Urbanisme, Quartiers Verts, Plan de Déplacement de Paris ...) et sont encouragés à proposer des projets pour le quartier (Circul'Livre, Bagagerie 188, prémices du Café Inter-âge). Tous ces sujets sont source d'échanges intéressants et constructifs entre les conseillers et les habitants et l'occasion de comprendre les mécanismes municipaux.
Durant ces années, les conseils de quartier jouent bien le rôle de relais entre les élus et leurs chargés de mission, les services techniques de la mairie et la population du quartier. Ils organisent avec succès des réunions publiques et des animations qui donnent l'occasion d'échanges informels avec les habitants.
2008 : alors que les conseillers de quartier espéraient des moyens supplémentaires, on perçoit quelques réserves dans les discours du maire candidat à sa ré-élection. Il aborde le thème des conseils de quartier dans un chapitre plus large consacré à la Démocratie Locale :
- Une «Charte de la participation parisienne» sera élaborée dès le début de la mandature, en synergie avec les mairies d’arrondissement, les représentants des conseils de quartiers et du monde associatif, ... pour les conseils de quartier, cette charte arrêtera des principes communs sur leur composition – la plus ouverte possible – et leur renouvellement régulier, les sujets sur lesquels leur consultation deviendra incontournable, la maîtrise de leur ordre du jour, le suivi de leurs demandes.
- ils seront dotés de crédits d’études et d’investissements et seront associés à la définition des priorités d’investissement localisés retenues par l’équipe municipale d’arrondissement.
Le graphique du nombre de réunions publiques organisées par les 7 conseils de quartier du 12e entre 2002 et 2011 est représentatif de l'évolution de leurs échanges avec des habitants.
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Des chantiers budgétivores (Tramway, Halles ...) ont considérablement contraint les investissements décidés au niveau des arrondissements. Dans le notre, à partir de 2012, même quand ils avaient le soutien de la Mairie, les projets concernant l'espace public se voyaient soumis aux aléas du Budget participatif.
2014 : le programme de la candidate Anne Hidalgo mentionne bien les conseils de quartier, mais précise à plusieurs reprises qu'elle entend leur confier des mission sur sur la propreté, la tranquillité publique, le suivi de l’évolution des incivilités et de l’insécurité. Tout un programme ! (ndlr)
A. HIDALGO / TWITTER
Les grands projets font l'objet de larges concertations pilotées par la Mairie dans lesquelles la voix des conseils de quartier ne diffère pas de celle des autres participants (on avait déjà connu ça en 2007-2008 lors de l'étude du T3). Les projets de moins grande envergure font au mieux l'objet d'annonces in-extrémis (ex : piste cyclable Dugommier-Courteline). La Mairie ne consulte guère les conseils de quartier que sur des sujets futiles comme l'emplacement des sapins de Noël.
2018 : Visiblement relégués au second plan au profit de processus de concertation plus formatés et du budget participatif, les conseils de quartier peinent à comprendre leur rôle et de ce fait à mobiliser autour d'eux.
Sur cette page de Paris.fr il est précisé que : Les conseils de quartier sont des lieux d'information, d'écoute, de débats et d'expression concernant les projets d'aménagement du quartier, la vie de quartier ou encore l'amélioration du cadre de vie. Ils permettent de mieux informer la population du quartier.
Ni leur mission ni leur budget d'investissement ne permet des réalisations visibles des habitants. Des projets qui auparavant pouvaient être soutenus et financés par la ville doivent maintenant être proposés au Budget participatif dans lequel un conseil de quartier a le même poids qu'une association ou un habitant isolé.
Leur rôle est réduit à l'organisation d'animations alors que cela ne devraient être qu'un moyen complémentaire pour entretenir une relation de confiance avec les habitants avec lesquels ils traitent des sujets qui intéressent la vie quotidienne dans le quartier.
Alors, plutôt que de repenser les conseils de quartier, ne faudrait-il pas tout simplement recréer les conditions qui ont fait leur succès il y a quinze ans.
08:11 Publié dans Citoyenneté, Démocratie locale | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : paris