27/02/2006
Politique et Conseil de Quartier
Vous avez certainement vu la campagne d’affichage sur les Conseils de Quartier sur les panneaux de la ville, cette campagne a pour mots d’ordre la participation et le « Vivre ensemble à Paris ». Mais qu’est-ce que sont les Conseils de Quartier ?
Les Conseils sont d’abord nés d’une Loi : la Loi de février 2002, dite Loi Vaillant qui a tenu compte de nombreuses expériences de participation des habitants, le plus souvent en Province ou en banlieue, dans la politique de leur ville.
Les Conseils de quartier sont des instances originales qui doivent être des lieux de paroles des habitants, porteurs de projets partagés et animés par des acteurs de la vie civile en dialogue avec la représentation politique.
En quelque sorte, les Conseils de quartier permettent aux citoyens d’agir politiquement dans le sens étymologique de ce mot, formé à partir de deux termes grecs :
• " polis ", qui signifie " cité " (au sens politique du terme) ;
• "-ikos", suffixe d'adjectif qui donne "-ique" en français.
Mot qui est à l'origine un adjectif et qui signifie " qui concerne le citoyen ".
Le pouvoir représentatif, par la Loi de 2002 intègre, pour les communes de plus de 80 000 habitants (49 villes sur l’ensemble du territoire national), la notion de démocratie locale (ou participative) qui permet donc à chaque habitant de participer, d’émettre des avis, de proposer aux élus des actions propres à améliorer les conditions de vie locales. Cette prise en compte par le pouvoir représentatif (les élus) de la participation des habitants à la gestion de la ville tout au long de la mandature n’est pas neutre, elle est une réponse du monde politique à la crise démocratique et à la désaffection des citoyens lors des grands rendez-vous électoraux.
L’association ADELS qui travaille depuis plus de 50 ans sur le thème de la participation des citoyens a interviewé M. René François, Adjoint au Maire d’Aubervilliers chargé de la démocratie locale et éclaire la difficulté pour les élus d’avoir un réel support citoyens par le seul jeu de la démocratie représentative : à Aubervilliers, 30% des gens n’ont pas le droit de vote, 20% ne sont pas inscrits sur les listes électorales et sur les 50% restants, seuls 40% votent ! Les élus ne représentent donc dans cette ville que 8 à 9% de la population en âge de voter...
Les Conseils sont donc une tentative de réponse à cette crise démocratique, à ce manque de représentativité, mais pour que cela puisse fonctionner, faut-il encore que les habitants se sentent concernés et participent aux Conseils.
Nous avons la volonté, à Bel Air Sud d’ouvrir le débat démocratique et nous sommes au rendez-vous deux fois par mois lors de Circul’livres pour vous écouter, vous donner les prochaines dates de réunion des commissions ou de la prochaine réunion publique de votre Conseil de Quartier. Aussi, n’hésitez pas à venir nous rencontrer, nous faire part de vos remarques, c’est de cette manière qu’élus et citoyens pourront dialoguer (comme l'illustre la récente intervention d'un Maire-adjoint sur notre Blog), porter les projets des habitants au Conseil d’arrondissement, prendre en compte des besoins des citoyens dans la politique de la ville et faire avancer l’idée de démocratie locale.
08:30 Publié dans Démocratie locale | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Paris 12ème
Commentaires
Merci à la rédaction d'ouvrir le débat sur le rôle et les compétences du conseil de quartier.
Selon la charte : "le conseil de quartier est une commission consultative du conseil d'arrondissement, ayant faculté de propositions, de suggestions, de vœux, et d'initiatives sur tous les aspects de la vie de quartier"
Vous écrivez sic : " les Conseils de quartier permettent aux citoyens d’agir politiquement dans le sens étymologique de ce mot…"
A travers le conseil de quartier, les citoyens que nous sommes, souvent frustrés d’une vie démocratique sans réel impact sur la vie de la cité, et d’une presse qui a perdu sa capacité d’informer, le "vulgum pécus" espère trouver à l'intérieur de cette structure une écoute attentive à ses problèmes mais surtout le moyen se réapproprier sa cité et d'espérer ainsi la création "d'espace civilisé non pollué"…
Or, nous constatons que le manque d'autonomie des mairies d'arrondissement dans une ville où les décisions sont prises à la Mairie de Paris et l'éloignement du pouvoir affaiblit l'impact réel des recommandations des Conseils de Quartier et l'intérêt que le citoyen va leur porter en tant que représentant efficace de son opinion.
Pour illustrer concrètement mon propos : l'installation des antennes de téléphonie mobile rue sidi Brahim. Malgré les réunions d'informations Mairie XII/ riverains, les recommandations des associations environnementales et enfin le débat lors du conseil de quartier du 9 février 2005 : le président de la commission (Y. Contassot), n'a pas suivi les recommandations de la Mairie du XII et de plus de 100 riverains de Bel air sud.
Force est de constater que les décisions importantes sont toujours prises en haut lieu, et ce malgré le préambule de la charte des conseils de quartier qui indique : "nos concitoyens revendiquent une place accrue dans le processus de décision politique …"
A ce rythme, l'intérêt du citoyen à participer au conseil de quartier et autres commissions ne peut que décroître!
Remercions les bénévoles de Bel Air Sud d’ouvrir le débat démocratique lors de Circul’livres.
Mais ne transformez pas Circul’livres en antenne ambulante du conseil de quartier.
Ad augusta per augusta ( A des résultats augustes par des voies étroites) mot de passe des conjurés au quatrième acte d'Hernani de V. Hugo
Écrit par : bernard | 27/02/2006
Bonjour Bernard,
Merci pour votre commentaire, il rejoint la réflexion que nous menons et nous interviendrons sur le sujet de la difficulté à mener à Paris une politique en phase avec les attentes locales dans un article à paraître samedi. Sans déflorer ce sujet à venir, il est un fait que les Conseils de Quartier sont des instances jeunes, en devenir (si devenir il y a) et en "apprentissage". Les disparités de fonctionnement des Conseils dans Paris sont grandes, nous reviendrons également sur ces écarts que nous avons observés tout au long de l'année 2005 dans un prochain sujet car, si nous avons beaucoup à œuvrer, nous avons également beaucoup avancé dans notre Conseil et Circul’livres y est certainement pour quelque chose. Nous avons longtemps hésité entre la conservation de Circul’livres sous la houlette du Conseil ou à son émancipation sous statut d’association. Circul’livres n’est pas un outil de propagande du Conseil, on y parle le plus souvent de livres plutôt que de Conseil de Quartier mais, par le simple fait d’être organisée par les Conseillers de Quartier, l’animation Circul’livres permet, à ceux qui le veulent, de rencontrer de manière bien plus régulière et dans un contexte de plus grande proximité les Conseillers de Quartier ailleurs que dans les réunions publiques.
Le fait qu’un troisième Conseil de Quartier relaie l’opération dans la capitale montre bien l’intérêt des Conseillers pour une animation qui permet d’avoir, autour du livre, un rendez-vous régulier avec les habitants.
Écrit par : Yves | 27/02/2006
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