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01/04/2011

Réinventons la rue d'avant Haussmann

Elles se nomment rue de Toul, rue de la Véga, rue du colonel Oudot ou rue de la Voûte. Leur point commun : ce sont des rues naturellement calmes, ou il fait bon de promener en se sentant relativement à l'écart du bruit et des dangers de la ville. 

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Ces rues tiennent leur particularité à un tracé sinueux qui témoigne de leur passé. Elles existaient antérieurement aux travaux d'Haussmann à l'origine de ces axes rectilignes qui, s'ils ont offert à Paris de belles perspectives et des alignements d'arbres, sont source d'excès de vitesse et de bruit.

Les rares rues rectilignes et tranquilles sont celles qui n'offrent pas l'opportunité d'itinéraires malin aux véhicules en transit. Tel est le cas des rues Gossec et Sidi Brahim, bien différentes de la rue Victor Chevreul dans laquelle deux coussins berlinois ont du être posés ou de la rue de Lamblardie, sur laquelle un ralentisseur est envisagé.

La pire des situations est celle des rues qui permettent de voir de loin le feu tricolore suivant, ce qui incite l'automobiliste à accélérer lorsqu'il est au vert. C'est par exemple le cas de la rue Montempoivre ou de la rue Picpus (pourtant antérieure à Haussmann) entre l'avenue Michel Bizot et l'avenue Daumesnil.

Certaines villes de France ont apaisé la circulation automobile en recréant des parcours sinueux au moyen d'un stationnement ou d'obstacles en chicanes. Pour des raisons que nous ignorons, cette disposition n'est pas de mise à Paris.

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Pourtant, ces dispositions nous semblent moins brutales que les obstacles verticaux (ralentisseurs, coussins berlinois ou passages piétons surélevés) toujours ressentis par les automobilistes comme une déclaration de guerre qui les amènent à accélérer une fois passé l'obstacle. 

Nous avons noté avec satisfaction que dans le quartier Charolais-Rotonde (dont le chantier vient de commencer), la nouvelle voie qui dessert les constructions présente les caractères d'une future voie tranquille.

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Le quartier Charolais-Rotonde (cliquez pour agrandir le plan) 

Au moment ou les urbanistes du cabinet Richard Rogers façonnent le futur quartier Bercy-Charenton, nous leur suggérons de multiplier les axes sinueux au détriment des axes rectilignes qui finissent presque toujours équipés de feux de croisement et de ralentisseurs.

Si sur cette disposition topographique, on évite de muliplier les feux de croisement et on applique le code de la rue, on s'achemine très certainement vers l'espace public apaisé auquel chacun de nous aspire.

Notes :

Rue de la Vega : précédemment rue de la voûte du Cours, elle traversait autrefois le cours de Vincennes sous un passage vouté

Rue de Toul : partie de l'ancien sentier Saint-Antoine

Rue du colonel Oudot : Anciennement chemin des Epinettes et sentier ou chemin de l'Epinette, puis chemin des Coucous et enfin rue des Coucous.

Feux de croisements : inventés pr le français Léon Foenquinos (1889-1954). Le premier a été installé à Paris en 1923.

08:02 Publié dans Voirie Urbanisme | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : paris

Commentaires

Comme vous le soulignez justement, les avenues et boulevards haussmanniens sont de grandes percées rectilignes qui induisent vitesse et bruit.

Cependant, évitons les raccourcis caricaturaux : les désagréments que vous pointez ne sont pas consubstantiels à la rue rectiligne et de façon générale le tracé seul d'une rue ne détermine pas son usage.

D'autres facteurs entrent en compte et la voie nouvelle du futur quartier Charolais-Rotonde en est un exemple. Si la voie s'annonce calme, c'est davantage à son sens unique (qui va en faire une voie de desserte des logements et non un itinéraire malin depuis l'avenue Daumesnil) qu'on le doit plutôt qu'à son tracé qui par ailleurs est davantage rectiligne que courbe.
Autres exemples : Une rue droite peut être en zone 30 ou accueillir des véhicules électriques...

Ainsi, ne partons pas sur des théories biaisées dans l'approche du projet Bercy-Charenton et abordons plutôt la question des déplacements dans ce futur quartier par l'intermodalité avec les transports en commun et par la hiérarchisation des différentes voies et les aménagements qui doivent en découler pour un cadre de vie de qualité.

Écrit par : Arnaud Beaumont | 02/04/2011

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