Le Quartier Bel-Air Sud

Verticalement, tu n'es pas une affaire, mais horizontalement, c'est toi que je préfère chantait Jean Ferrat en 1964. Lui, contrairement à nous aujourd'hui, ne parlait pas de la signalétique de la voirie parisienne ...

Il y a huit ans déjà, sous le titre Des signaux à ne pas s'y retrouver, nous déplorions le nombre, l'implantation et le manque de cohérence de la signalétique urbaine, qu'il s'agisse de celle imposée par le code de la route comme de celles d'orientation à destination des automobilistes, des cyclistes et des piétons (*).

Place Félix Eboué

(*) Nous n'oublions pas les panneaux publicitaires tout aussi envahissants, mais ce n'est pas le sujet du jour.

Pour réduire l'occupation de l'espace public et mieux canaliser les flux de véhicules en recherche d'itinéraire, il existe pourtant dans le champ visuel des conducteurs, un espace sous utilisé : la chaussée.

Alors, pourquoi ne pas limiter la signalétique verticale à celle règlementaire (complétée d'indication à destination des piétons), et reporter sous forme de tracés au sol toutes les indications non règlementaires destinées aux véhicules empruntant la chaussée.

La signalétique horizontale n'est certes pas totalement absente de la chaussée parisienne, mais elle est très peu utilisée. On la trouve :

• parfois pour matérialiser les centres des carrefours. Les automobilistes qui s'y trouvent immobilisés sont en principe en infraction.  Rares sont les carrefours parisiens ainsi traités et encore plus rares sont les verbalisation d'obstructeurs.

Carrefour Rivoli/Sebastopol

• depuis peu pour rappeler des limitations de vitesse. Simple et sans équivoque.

rue de Reuilly et rue Ernest Lacoste

• à Paris, les voies ne sont très rarement matérialisées et sur une longueur réduite aux abords du carrefour. Jamais, et c'est bien regrettable, n'est précisé au sol leur destination (porte de Vincennes, porte de Bercy, place Félix Eboué). Ce serait pourtant plus efficace que des panneaux difficilement perceptibles dans le paysage urbain.

Place Edouard Renard

• Dans le cadre de l'opération La rue en Partage menée en 2013, la ville a expérimenté de nouvelles traversées piétonnes.

Une bien mauvaise idée car cette signalétique originale et dérangeante introduit de la diversité là où  un visuel constant et bien connu est plutôt source d'automatismes favorable à la sécurité.

Traversée piétonne rue Dubrunfault

À Londres au contraire, la signalétique au sol est une institution omniprésente :

• pour prévenir de l'approche d'une traversée piétonne

La fameuse traversée piétonne de Abbey Road

• pour indiquer les interdictions de stationner ou de s'arrêter
• Ligne jaune simple : stationnement restreint à certaines heures
• Ligne jaune double : interdiction de stationner à tout moment

• Ligne rouge simple : interdiction de stationner ou de s’arrêter à certaines heures
• Ligne rouge double : interdiction de stationner ou de s‘arrêter à tout moment.

• pour indiquer les zones centrales des grands carrefours dans lesquels il est interdit de se trouver "prisonnier"

• pour matérialiser les files de circulation et préciser leur destination

 

Waterloo Road

Nul parisien ne regrette aujourd'hui que Napoléon III et le Baron Haussmann aient pris modèle sur Londres pour moderniser et assainir Paris. Pas davantage qu'Alphand ait réalisé les Buttes Chaumont, le parc Montsouris ou le bois de Vincennes à l'image des espaces verts londonniens.

Alors, serait-il politiquement incorrect de prôner des solutions londoniennes qui ont largement fait leurs preuves et de souhaiter les voir appliquées à Paris ?