27/01/2020
Réminiscences haussmanniennes
Parfois, au cours d'une déambulation dans le quartier, on se surprend à observer une portion de trottoir qui n'est victime ni de négligeances, ni d'improvisations ni de rafistolages.
Mieux, il arrive que l'on constate un trottoir spacieux, uniquement pourvu du mobilier urbain nécessaire et organisé avec rigueur sur un alignement d'arbres dont le pied est entretenu, des bancs dans leur axe et des corbeilles de rue judicieusement implantées à leur voisinage. Un exemple :
Trottoir rue de Reuilly au niveau du numéro 76
Inmanquablement, ces rares cas nous apparaîssent comme les vestiges des aménagements effectués par le baron Haussmann, malheureusement de plus en plus rares à Paris.
Boulevard Saint-Germain. Circa 1877 - Photo Charles Marville
Le premier programme concerté de mobilier urbain à Paris est mis en place dans la seconde moitié du XIXe siècle, lorsque Haussmann décide, pour la sécurité et le confort du piéton, de meubler les jardins, squares et trottoirs nouvellement créés.
.../...
En règle générale, ce mobilier prend place, comme les arbres, sur une ligne en léger retrait de la bordure du trottoir, laissant toutefois un espace suffisant du côté des immeubles et créant une séparation entre les véhicules et les piétons. Par ailleurs, ces éléments sont disposés de manière régulière – par exemple, un intervalle de 42 mètres séparait chacun des 96 kiosques destinés à la vente des journaux, de fleurs ou de rafraîchissements qui se trouvaient sur les Grands Boulevards – et constituent une ligne de fuite qui dirige le regard du promeneur vers la place ou le monument ponctuant la voie.
L’homogénéité de style, de matériau et de couleur ainsi que la régularité de l’implantation du mobilier dessiné par Davioud apportaient une nouvelle unité à la ville, tandis que la légèreté de ses formes s’inscrivait comme un contrepoint ludique à la masse minérale des immeubles. (source L'histoire par l'image : Le moblier urbain, un symbole de Paris - février 2006)
Conclusion ? Promenez-vous avec ces principes en tête, ouvrez les yeux et observez nos trottoirs. La conclusion viendra d'elle-même.
Sur le même sujet :
- Réinventons la rue d'avant Haussmann (01/04/2011)
- Que reste-t-il d'Haussmann ? (24/04/2015)
08:06 Publié dans Voirie Urbanisme | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : paris
24/01/2020
La placette Vega-Montempoivre en voie de dénomination
En juillet 2019, le Conseil de Paris a adopté le voeu 2019 V. 300 prévoyant que le nom d’Yvette Vincent-Alleaume (1927-2011) soit attribué à la placette située à l’angle de la rue Montempoivre et de la rue de la Véga.
La délibération correspondante est en cours de rédaction par la commission de dénomination présidée par Catherine Vieu-Charier (élue du 12e, adjointe à la Maire de Paris chargée de la mémoire) et devrait être soumise au vote du Conseil de Paris de mai ou juin 2020.
Née à Annecy en 1927, Yvette Vincent-Alleaume vivait et avait son atelier à proximité (37 rue du Sahel où une plaque en témoigne). Elle est décédée à Paris le 15 juin 2011.
Diplômée de l’Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs et des Beaux-arts de Paris (fresque et gravure), elle devient dans les années 70, à la faveur des grands chantiers urbains, complice de l’architecture des « bâtisseurs », notamment des architectes associés Andrault-Parat.
Ainsi elle a créé une fontaine 45 rue des Amandiers (20e), une allée-dragon à Evry, un sol-baleine au Havre, un mur d’eau à Hérouville Saint-Clair, une fontaine à Annecy, ou encore une fresque monumentale sculptée à Malakoff…
Les Bâtisseurs - Pont TGV à Malakoff (1986)
Yvette Vincent-Alleaume a puisé son inspiration dans l’histoire et le patrimoine des civilisations anciennes. Photographe, elle a publié sur le Mali, le Yémen, l’Afghanistan, le Népal…
Luxuriance
Sculpteure, créatrice d’objets et de bijoux, Yvette Vincent-Alleaume a utilisé toutes sortes de matériaux : mosaïque, brique, céramique, ardoise, galets de rivière, granit, terre cuite, acier, avant de s’orienter vers le béton, auquel d’autres matériaux apportent leur complément.
1985 - Les Génies Des Eaux - 45 rue des Amandiers (20e)
Si vous avez la chance d'être entrés dans la cour de l'école polyvalente située 16 rue Montempoivre, vous avez probablement remarqué la fresque en bas relief qui orne l'un des murs. Cette oeuvre a été créée en 1986 par Yvette Vincent-Alleaume.
Cour de l'école polyvalente 16 rue Montempoivre (12e)
C’est avec une grande satisfaction que nous accueillerons cette nomination qui, ce qui est rare, consacre une personnalité du quartier, connue de ses voisins et des enfants qui ont fréquenté l’une des écoles du quartier.
En 2009, elle a signé un ouvrage rétrospectif, retraçant plus de cinquante années vouées à la création.
08:06 Publié dans Citoyenneté, Vie du quartier, Voirie Urbanisme | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : paris
21/01/2020
Deux ans et cinq mois
Deux ans et cinq mois ! C'est le temps qu'il a fallu aux services de la Ville pour traiter l'anomalie n° A2017H2632 que nous avions signalée le 10 août 2017 au moyen de l'application DansMaRue.
Août 2017 -------> Janvier 2020
Si de nombreuses plaques de rues manquent à Paris, ce manque nous semblait plus gênant que d'autres car peu de personnes savent que c'est en traversant la rus de Picpus, que le boulevard de Reuilly se mue en boulevard de Picpus.
Il n'est pas impossible que ce soit en instruisant le dossier de la dénomination Place Sans-Nom que des employés de la ville ont exhumé cette demande.
Nous étions d'ailleurs partis de cette expérience pour rédiger, il y a bientôt un an, l'article Plaques de rues : qui s'en soucie ?
08:08 Publié dans Vie du quartier, Voirie Urbanisme | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : paris
10/01/2020
L'art public doit-il se réduire à des peinturelures ?
Selon la définition institutionnelle, l'art public désigne les réalisations généralement pérennes d'artistes - sculpture, architecture éventuellement monumentale, peinture - planifiées et exécutées en vue d'être présentées sur l'espace public : principalement en extérieur et accessible à tous, mais également parfois à l'intérieur d'édifices ouverts au public.
Les monuments et les statues sont sans doute les formes les plus anciennes et les plus visibles d'art public officiellement approuvées, mais le terme peut englober le mobilier urbain et toutes les initiatives destinées à orner l'espace urbain.
Au fil des années qui ont suivi ces exemples, on a vu l'art public se dépouiller, utiliser des matériaux moins nobles, des techniques de réalisation moins couteuses et avoir de fait une pérennité réduite.
Au cours de la mandature municipale qui s'achève, il semble évident que l'on a assimilé l'art public à l'art urbain plus souvent dénommé Street Art qui se traduit presque toujours par des graphismes simples réalisés en peinture acrylique sur des supports peu adaptés et dont la durée de vie n'excède pas quelques années.
Si le mouvement se poursuit, l'art public ne risque-t-il pas de se réduire à de l'art rupestre ?
Après le Permis de végétaliser dont on peut juger des résultats, ne risque-t-on pas de voir une prochaine municipalité soucieuse de plaire à moindre coût instituer un Permis de décorer les murs et les sols de l'espace public ?
08:09 Publié dans Animation-Culture, Voirie Urbanisme | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : paris
31/12/2019
Retour sur l'année 2019
Ainsi se termine la quatorzième année pleine de la vie de ce blog au cours de laquelle nous vous avons proposé 267 articles et vous avez formulé 288 commentaires sur les sujets les plus divers concernant de près ou d'un peu plus loin Bel-Air Sud.
Nous en avons parcouru la liste et avons choisi de vous rappeler douze d'entre-eux afin de vous inciter à les relire et poster le cas échéant les commentaires qu'il vous inspirent.
08:08 Publié dans Animation-Culture, Citoyenneté, Démocratie locale, Paris Métropole, Voirie Urbanisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paris
27/12/2019
Potection patrimoniale : place aux jeunes !
Article déjà publié le 10 février 2017
La villa Savoye est une villa construite à Poissy de 1928 à 1931 par l'architecte Le Corbusier. En 1962 la ville de Poissy cède la maison à l'État qui entreprend alors sa restauration.
Le 16 décembre 1965, sous l'impulsion d'André Malraux (ministre de la Culture de l'époque), ce bâtiment construit seulement trente auparavant est classé monument historique.
Le Ministère de la Culture définit deux niveaux de protection du patrimoine historique : un monument peut être inscrit ou classé comme tel, le classement constituant le plus haut niveau de protection.
Le 12e arrondissement compte 33 édifices inscrits sur la liste des monuments historiques : 5 sont classés, 28 sont inscrits.
Dans son Plan Local d'Urbanisme (PLU), la ville de Paris a prévu deux niveaux de protection complémentaires de son patrimoine : un bâtiment peut être protégé ou signalé. La protection est destinée à en interdire la démolition, le signalement à attirer l'attention sur son intérêt.
Le PLU parisien a enregistré 92 protections patrimoniales situées dans le 12e.
Parmi les 125 bâtiments du 12e faisant l'objet d'une protection patrimoniale, un seul est postérieur à la seconde guerre mondiale : l'École d'infirmières sise 95 rue de Reuilly construite en 1971 sur les plans de l'architecte Roland Schweitzer.
Le 12e ne manque pourtant pas de bâtiments contemporains conçus par des architectes renommés qui mériteraient d'être inscrits au patrimoine architectural parisien. Nombre d'entre eux sont des bâtiments nationaux ou municipaux, donc des biens publics qui devraient à ce titre être protégés. Citons par exemple :
- l'école maternelle du 42 av du Docteur Netter (construite en 1987 sur les plans de Yann Brunel)
- le siège de la DASES (construit en 1991 sur les plans d'Aymeric Zublena)
- l'institut de la Vision (construit en 2008 sur les plans de Stéphane Cachat)
- le siège de la RATP (construit en 1991 sur les plans de Pierre Sirvin)
- le Commissariat Central de Police (construit en 1991 sur les plans de Manolo Nuñez-Yanowski)
- le collège Germaine Tillon (construit en 1987 sur les plans de Claude Parent)
- la Cinémathèque Française (construite en 1993 sur les plans de Frank O. Gehry)
- l'AccorHotels Arena (construit en 1983 sur les plans de Michel Andrault et Pierre Parat)
- le ministère de l'Economie et des Finances (construit entre 1984 et 1987 sur les plans de Paul Chemetov et Borja Huidobro)
- la piscine Roger Le Gall (construite en 1967 par l'architecte Roger Taillibert)
- l'Opéra Bastille (construit entre 1984 et 1989 sur les plans de Carlos Ott)
- le siège de l'Office National des Forêts (construit en 1976 sur les plans de Thieulin et de Vigan)
On ignore la protection dont bénéficient les immeubles de logements sociaux. Certains sont, au sens propre, remarquables. Nous avons également identifié quelques immeubles privés qui mériteraient largement de figurer parmi les protections ville de Paris. Voici quelques exemples que vous ne manquerez pas de localiser :
Cliquez sur les imagettes pour les agrandir
Le PLU en vigueur date de 2006. Il a subi de nombreuses modification, mais ne devrait pas être révisé avant 2020. Voilà qui nous laisse encore un peu de temps pour répertorier les édifices contemporains qui méritent de bénéficier de la reconnaissance des parisiens.
08:11 Publié dans Citoyenneté, Voirie Urbanisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paris
24/12/2019
Joyeux Noël
08:09 Publié dans Animation-Culture, Citoyenneté, Commerces, Démocratie locale, Paris Métropole, Solidarité, Vie du quartier, Voirie Urbanisme, Vu de votre fenêtre, "L'oeil du quartier" | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paris
23/12/2019
Paris, le 15 décembre 1999 ...
Une Nouvelle Université occupant l'intégralité du quartier de Bercy et son parc. Les gares de Lyon et de Paris Bercy transplantées et regroupées sur la commune de Charenton-le-Pont sous le nom Gare de Lyon-Bercy.
C'est ce que l'on peut voir sur le plan qui accompagne la nouvelle de Science Fiction Paris, le 15 décembre 1999 ... écrite par Boris Vian en 1958 :
Cliquez pour agrandir
Retrouvez ici le texte complet de cette pochade dont certaines collent (ou presque) à l'actualité parisienne comme des champs de poireaux avenue de l'Opéra, des vehicules à essence camouflées en voitures électriques ou des monuments historiques transformés en hôtels de luxe.
08:16 Publié dans Animation-Culture, Paris Métropole, Voirie Urbanisme | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : paris
20/12/2019
Qu'en est-il du code de la rue en France et à Paris ?
Le code de la rue est entrée en vigueur le 1er janvier 2004 en Belgique. Il repose sur le principe de prudence, et de priorité du plus faible et vulnérable vis-à-vis du moins faible :
Alors que le Code de la route se focalise sur les déplacements des véhicules, le Code de la rue place la rue au centre de la réglementation en instituant :
- principe de prudence du plus fort à l'égard du plus faible (le piéton est le pivot !)
- généralisation du double-sens cyclable (cheminement court et sécurisé pour le vélo urbain)
- zone de rencontre (zone piétonne accessible en permanence aux voitures)
- trottoirs traversants (confort, protection du piéton et de sa trajectoire)
Dès juin 2006, la ville de Paris montrait son intérêt pour le code de la rue, mais en France, le texte de référence qui a permis cette évolution de la réglementation routière est le décret n° 2008-754 du 30 juillet 2008. Celui-ci introduit le principe de prudence ainsi que de nouvelles notions comme :
- L'aire piétonne
- La zone 30 qui elle même a permis le double sens des cyclistes.
- Les zones de rencontre
En octobre 2008, le Cerema publiait La démarche « code de la rue » en France. Premiers résultats.
La mandature qui s'achève a assurément oeuvré en faveur des usagers piétons de l'espace public, en créant notamment de nombreuses zones 30, des zones de rencontre (certaines malheureusement toujours inachevées), des aires piétonnes autour de certaines écoles et surtout le Parc Rives de Seine.
Reste que le si code de la rue a bien été introduit dans le code de la route, ce dernier n'a pas changé de nom et s'adresse toujours prioritairement aux usagers de la route alors que 80 % de la population française vit en ville.
08:06 Publié dans Voirie Urbanisme | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : paris
06/12/2019
Bienvenue à l'hôtel
Avec ses 2 450 hôtels comptant plus de 150 000 chambres, Paris et sa région possèdent l’un des plus grands parcs hôteliers au monde. Les Pages Jaunes en référencent une centaine dans le 12e arrondissement.
L'exposition : « Hôtel Métropole depuis 1818 » qui se tient au Pavillon de l’Arsenal (21 boulevard Morland 75004) jusqu’au 12 janvier 2020 brosse le portrait du parc hôtelier parisien, de l’ouverture de l’hôtel Meurice en 1818 aux enjeux du Grand Paris à la veille des Jeux Olympiques de 2024.
Au delà, le secteur se réinvente aujourd’hui pour répondre aux enjeux climatiques actuels. A cet effet, l’exposition présente différents prototypes et projets interrogeant le futur des espaces hôteliers.
Dans le 12e, ceux récemment ouverts :
Des façades qui ne resteront pas dans l'histoire de l'architecture
08:02 Publié dans Vie du quartier, Voirie Urbanisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paris